Le 82ème congrès des professionnels du tourisme a eu lieu cette semaine à Grenoble. L’occasion de dresser un bilan et d’envisager des pistes d’avenir face à la saison hivernale qui commence dans un contexte économique incertain.
La perte du marché étranger
Le cabinet G2A, spécialiste en analyses de fréquentation touristique, anticipe une baisse moyenne de 26 % pour les hébergeurs, avec une reprise envisagée que dans 11 à 24 mois au mieux. La raison de ce futur peu radieux, pour Jean-Marc Silva, directeur de France Montagnes, c’est la perte en partie de la clientèle étrangère. Les étrangers représentent 28 % du trafic touristique des stations françaises : les Anglais en premier (9 %), ensuite les Belges (4 %) et les Hollandais (3 %).
Face à ce constat, Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF), affirme que des dispositions doivent être prises afin d’éviter les mises en quarantaines dissuasives qui font automatiquement perdre ce marché anglais. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat au Tourisme, et Clément Beaune, chargé d’affaires européennes, assurent être en pleine réflexion pour venir à bout de ce problème et réinviter les Britanniques à venir skier en France. Concernant la Belgique et les Pays-Bas, DSF demande à ce que des accords bilatéraux soient mis en place sur les conditions de circulation entre les pays.
Attirer les visiteurs français
Les stations de ski ne pouvant que difficilement compter sur la clientèle étrangère pour cet hiver, c’est en séduisant les Français qu’elles espèrent s’en sortir économiquement. Cet été déjà, la clientèle française a permis de sauver le tourisme de montagne : la saison estivale s’est terminée avec une fréquentation en hausse de 5 points par rapport à l’année dernière. Un tiers de ces vacanciers venait pour la première fois en montagne pendant l’été. Ils ont pu profiter de nombreuses activités comme la randonnée, le parapente, la luge d’été, le VTT ou même un tour en montgolfière.
Alors que les professionnels comptaient notamment sur les classes de neige pour recevoir du public, celles-ci subissent de nombreuses annulations. Michel Girard, directeur des remontées à la station de ski de Châtel (Haute-Savoie), n’a pour le moment reçu aucune réservation ferme de la part des onze centres de vacances de la zone. Et pour cause, les centres ne sont même pas encore sûrs qu’ils vont ouvrir leurs portes cet hiver. Jean-Baptiste Lemoyne travaille à un accord avec le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer pour que des directives facilitent les déplacements entre les stations et les centres.
Dans ce contexte incertain, une chose est sûre : tous les professionnels du secteur veulent s’entendre pour mettre en place des dispositions qui éviteront de revivre la fermeture brutale de toutes les stations de ski. Un événement qui avait eu lieu le 14 mars de cette année suite à la première épidémie du coronavirus.