La <a href="https://www.mabulle.org/covid-et-voyage-combien-de-vaccins-et-quels-documents-sont-necessaires-pour-entrer-dans-chaque-pays-les-exigences-en-europe-aux-etats-unis-et-en-amerique-latine/ »>crise sécuritaire qui s’est installée au Chili depuis quelques années produit d’importants effets politiques, sociaux et peut-être électoraux (le 7 mai, 50 conseillers constitutionnels seront élus <a href="https://www.mabulle.org/que-voir-en-italie-en-7-jours/ »>pour rédiger une nouvelle Constitution, sur la base <a href="https://www.mabulle.org/le-tourisme-au-chili-sattend-a-atteindre-les-chiffres-davant-la-pandemie-en-2023-et-lance-des-incitations-a-voyager-a-linterieur-du-pays/ »>d’un projet préparé par un comité d’experts). On ne sait pas très bien quand cette crise a commencé : avec la flambée sociale de 2019 ? Avec l’émergence de l’immigration clandestine en 2016-2017 comme problème public ? Ou peut-être s’agit-il d’une crise qui couve depuis des années et pour de multiples raisons ?
Quelle qu’en <a href="https://www.mabulle.org/decouvrez-quels-sont-les-plus-beaux-endroits-ditalie/ »>soit l’explication, la mort de trois <a href="https://www.mabulle.org/decouvrez-quels-sont-les-plus-beaux-endroits-ditalie/ »>policiers en un peu moins d’un mois fait des ravages, devenant une condition possible d’une solution autoritaire, évidemment non putschiste, mais illibérale. Des candidats intéressés à imiter des leaderships comme Rodrigo Duterte (aux Philippines) et, surtout, Nayib Bukele (au Salvador), sont déjà observés. rock star de populisme punitif en Amérique latine avec une large acceptation dans son pays. Pour l’instant, les maires de droite commencent déjà à toucher à ce sentiment atavique de sécurité en proposant des formules jusqu’à récemment inimaginables (par exemple, un éventuel état d’exception dans la Région métropolitaine).
Cependant, il y a quelque chose de plus profond dans cette crise : un effet révélateur d’un ennui grandissant de la population face aux formes violentes de délinquance, lié à un attachement majoritaire (selon les enquêtes) au durcissement de la loi pénale (surtout la loi de légitime défense privilégiée de la police), ce qui s’est traduit par des mobilisations citoyennes naissantes en faveur des policiers et même casseroles dans les secteurs moyens et élevés de la capitale. Ce n’est pas tout. La mort de ces trois policiers a révélé la débâcle de l’idée général sécurité du gouvernement du président Gabriel Boric (de la sécurité publique à la sécurité sociale, une définition séduisante, capable de faire sens dans les classes moyennes les plus éduquées, mais excessivement abstraite pour les secteurs populaires).
Si jusqu’à présent les politiques de sécurité sociale en matière de retraites et de santé fédèrent les deux coalitions de gauche qui servent de socle au gouvernement, en matière de sécurité publique la division est flagrante. Lors du vote d’une des lois à l’ordre du jour de la sécurité publique (la loi Naín-Retamal), aucun législateur de la coalition Dignité Approuvée (coalition originelle du président Boric) n’a voté pour (pas même son propre parti, Convergencia Social), se réfugiant dans abstention, rejet ou absence dans la salle. Tout autre a été le comportement de la deuxième coalition de gauche, Socialisme démocratique (composée des socialistes, des libéraux, des radicaux et du PPD), dont les députés ont voté à la quasi-unanimité pour le projet de gouvernement.
La dimension émotionnelle de la crise et ses éventuelles conséquences électorales ont conduit le président Boric, conscient des imperfections de la loi Naín-Retamal, des possibles violations des droits de l’homme qu’elle peut induire et des opinions incendiaires que le chef de l’Etat et Approuve Dignité délivrée contre la police il y a quelques années, elle fermera les yeux et la promulguera sans délai ni concertation avec le Front large et le Parti communiste (les deux piliers du bloc Approve Dignity).
Il s’agit d’une crise très grave, car elle met en évidence les différences croissantes entre les deux coalitions qui soutiennent le gouvernement (un phénomène bi-coalitionnel ce qui est déjà une rareté dans le présidentialisme chilien), ainsi qu’un effondrement presque culturel de la promesse de transformation de la politique de gauche, une grande hostilité populaire envers l’avis des experts, des organisations de défense des droits de l’homme et même des organisations onusiennes. Mais surtout, ce que reflète cette crise sécuritaire, c’est une avancée des agendas dans laquelle de nombreux Chiliens se reconnaissent, se montrant disponibles pour échanger, intuitivement, la liberté contre la sécurité.
Pour la gauche, surtout pour la nouvelle gauche du Front large et du Parti communiste, il est très difficile de composer avec ce bon sens que les Français appellent sécuritaire: un mois après l’élection des conseillers constitutionnels chargés de rédiger une nouvelle Constitution, le combat pour les droits de l’homme risque un net revers en échange de garanties (au prix fort) contre un sentiment de sécurité aujourd’hui perdu.
Comme toujours, les ironies de l’histoire jouent un rôle. Cette année, les 50 ans du coup d’État du 11 septembre 1973 sont commémorés : en l’absence de changements substantiels dans la situation du pays, le risque que le souvenir de la tragédie et l’expérience actuelle de l’insécurité soit considérable. Ce serait une tragédie dans ce qui fut notre dernière tragédie, pour paraphraser le titre du livre d’Henry Rousso. Une autre ironie est de voir comment le Front large, en retirant son soutien au président Boric sur des questions essentielles, se comporte de la même manière que le Parti socialiste s’est comporté avec le président Allende (ce qui explique à son tour l’énorme loyauté socialiste envers le président Boric 50 ans plus tard, presque par voie de rachat). Soit dit en passant, rien de tout cela n’est délibéré : dans une année commémorative, un inconscient de l’histoire opère, passant sur différentes générations.
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